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Les Maîtres Musiciens de Jajouka
Les Maîtres Musiciens de Jajouka
Viste au Maroc, Jajouka - 5, 6 et 7 Août 2006
Au Maroc, dans les montagnes du Djebala, à 14 km de K'sar El Kebir en direction de Chefchaouen, dans le village de Jajouka, on trouve le sanctuaire du saint Sidi Ahmed Sheik.
Le saint fait parti de l'origine de la fameuse confrérie de musiciens de Jajouka installé à proximité.
Bien avant la dynastie des Alaouites, les artistes de Jajouka étaient les musiciens officiels du Sultan, voyageant avec lui et annonçant son arrivée.
Les instruments des musiciens sont la "rhaita" (hautbois), "nira" (flûte de bambou), "gumbri" (la guitare), "tebl" (les tambours) qui produisent une musique intemporelle et obsessive en cycles pendant des heures et des heures, et qui peut provoquer la transe chez certains.
La tradition raconte qu'un villageois qui se promenait dans une montagne aride découvrit à sa grande surprise, une grotte dont l'intérieur était couvert d'une végétation luxuriante d'un ton si vert, que le contraste était frappant avec la sécheresse extérieure. Un homme mystérieux interpella le villageois et se présenta.
"Je m'appelle Bou Jeloud, je te préviens que tu ne devras jamais révéler ma présence au village!"
Et il fit une étrange proposition aussitôt: le villageois lui trouve une jeune fille pour se marier avec lui, et en échange il lui offre un hautbois et lui apprend à jouer cet l'instrument. Mais il devra respecter la condition de ne pas fabriquer des copies de l'instrument, ni enseigner la musique au village.
L'accord fut conclu et rapidement le villageois fut initié à une étrange musique, si étrange qu'il oublia ses promesses du passé, et fabriqua des instruments pour enseigner cette merveilleuse musique.
En entendant au loin la musique qui venait du village, et en constatant sa solitude, il fut pris d'une terrible colère et descendit au village vêtu d'un peau de chèvre, et munit d'une branche dans chaque main, il commença à frapper tous les villageois qu'il rencontra.
Comme les villageois n'avaient aucune jeune fille à marier, ils essayèrent de calmer la fureur de Bou Jeloud en lui proposant une femme à moitié folle: Aicha Kendicha. Mais Bou Jeloud s'aperçut rapidement de la ruse des villageois et retourna au village.
C'est ainsi que depuis cette époque, la furie de Bou Jeloud est contrôlée par un groupe de musiciens qui joue une musique envoutante (La Boujloudia).
De nos jours, la confrérie est dirigée par le maître Bachir Attar qui suit l'exemple de son père en transmettant, préservant, et interprétant cette musique ancestrale qui est un véritable trésor de la spiritualité marocaine et qui a acompagné le règne d'au moins six rois du Maroc.
Cette musique a été offerte comme un cadeau spécial de Dieu à la famille Attar, mot soufi qui veut dire "fabriquant de parfum". Depuis toujours, l'autorité de cette confrérie est transmise de père à fils . Le maître ou maâlem possède la "baraka" ou la "bienveillance" de Dieu.
Les mélodies, en provoquant une sorte de résonnance intérieure, nous fait mieux apprécier la simplicité de la vie avec présence et sans prétention. On dit que cette musique a un effet curatif sur les maladies, et dans tous les cas, elle aide à calmer notre agitation souvent inconsciente.
Durant mon court séjour, on m'a fait écouté un enregistrement du maître Hadj Abdesalam Attar (décédé en 1982) dont l'interprétation est simplement extraordinaire. Il n'est pas nécessaire de dire qu'une telle spiritualité est soutenue par un virtuose de haut niveau. Confirmant ainsi l'adage, pris ici dans une formule imagée par rapport à la musique, qui dit que la vraie éloquence, c'est celle que l'on oublie.
Pendant la fête, l'aspect technique faisait place à l'expression d'une certaine gratuité et à une ouverture dédié á Dieu. De cette façon la technique fait parti des gestes simple de la vie quotidienne, sans la théâtralité de la pédagogie occidentale ou encore d'un certain "volontarisme" déplacé. Ce sont ces enseignements qui sont ou seront prodigués aux plus jeune depuis leur plus jeune âge.
Nous avons eu la chance d'assister à la visite de "l'homme saint" qui non seulement est un homme religieux d'une grande sagesse, mais un conteur d'histoire comme je n'ai jamais vu. Les enseignements de cet homme sont souvent prodigués avec humour et entendu avec respect (sans aucun effet de pose).
Si quelqu'un me demandait de définir en quelques mots ma visite à Jajouka, il est probable que je ne trouverait pas ceux qui sont adéquats pour exprimer toute la richesse de cette expérience. Mais dans une tentative imparfaite, pour satisfaire la curiosité, les mots qui me viennent à l'esprit sont: religiosité, présence, finesse intellectuelle, extrême délicatesse et discrétion, grande simplicité, étiquette, harmonie, hospitalité, bonne humeur, compétence hors norme, fermeté devant la vie, grand courage et générosité.
Les maître musiciens de Jajouka ont reçu parfois les plus hautes individualités du royaume.
Certaines vedettes de la culture occidentale ont visités ou ont appuyé d'une certaine façon les musicien de Jajouka. On peut citer: Brion Grysin, William S. Burroughs, Paul Bowles, Timothy Leary, Brian Jones, Ornette Coleman, Bill Laswell, Mick Jagger, Sonic Youth, Joe Struman, Peter Gabriel, etc.
Les maîtres musiciens de Jajouka ont déjà participé dans plusieurs spectacles en Europe et aux États-Unis
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Merci maître Bachir pour la musique, pour le cœur ,pour cette magnifique fête, pour tout.
Merci Carlos pour m'avoir invité chez tes amis marocains, dans un endroit si attractif, avec des âmes si belles.
Last edited by kimusubi0 : 08-10-2006 at 08:16 PM.
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